Livres – Sorties du mois d’octobre 2024
Se défendre. Une philosophie de la violence de Elsa Dorlin
L’autodéfense est-elle légitime dans des contextes où règnent le racisme, le sexisme ou l’homophobie ? Cette question est cruciale lorsque l’on parle de violence politique, thème central de cet essai exhaustif et provocateur. De la résistance à l’esclavage dans la colonie française de Saint-Domingue à la protection armée des communautés noire et gay aux États-Unis dans les années 1960, en passant par la pratique du jiu-jitsu chez les suffragettes en Angleterre, Se défendre. Une philosophie de la violence (2017) retrace la généalogie des groupes et mouvements politiques qui ont eu recours à des méthodes violentes pour se protéger. S’inspirant de la pensée critique de Frantz Fanon, Judith Butler et Michel Foucault, ce livre réfléchit à l’éthique de la confrontation dans des situations d’oppression légitimées par la société et l’État. Un véritable manuel pour « désapprendre à ne pas se battre ».
Submersions de Bruno Patino
« Nous avons perdu la nuit. Les écrans sont arrivés, et avec eux la connexion permanente. Voici venu le temps de l’aube perpétuelle. De la lueur bleutée qui jamais ne s’éteint, du rayonnement qui jamais ne s’apaise. Eveillés, hagards, hébétés, nous sommes irrémédiablement attirés par leur lumière. Finies les insomnies, place à l’a-somnie et aux veilleurs sentinelles, à ceux pour qui la nuit n’est plus qu’une séquence hypnotique entre mauvais sommeil et connexion décevante. Je suis l’un d’entre eux. »
Ainsi se livre Bruno Patino dans ces pages prophétiques. Le poisson rouge n’est plus, englouti dans le déluge de signes, textes, images, sons.
Nous habitons le réseau dans l’illusion de la toute-puissance. Nous pensons avoir accès à un choix illimité : musique, films, séries télévisées, livres, actualités et rencontres. Mais le calcul est notre maître ; la fatigue, l’abandon, la fuite et la perte du collectif notre quotidien. L’attente a disparu, et avec elle le manque, et avec lui le désir et le rêve. Nous voici submergés, privés de liberté, réduits à nos données : une vie numérique.