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Noé Duchaufour-Lawrance, le design Made in Situ

© Sanda Vuckovic

 

Depuis toujours son travail s’épanouit dans la collaboration et le dialogue avec artisans et métiers d’art, et cette approche prend encore plus d’épaisseur, culturelle et émotionnelle, aujourd’hui. Afin de se reconnecter avec la nature et de tisser un lien sensible entre l’homme et son environnement, il a choisi de déménager à Lisbonne en 2017, tout en conservant son studio à proximité du faubourg Saint-Antoine, où travaille toujours la moitié de son équipe. De cette immersion est né le projet Made In Situ. Un manifeste sincère et sensible de ce que la pratique du design se doit d’être aujourd’hui : respect de la nature, rejet de la surproduction, rencontre avec un territoire et, à chaque fois, avec les matériaux, savoir-faire et artisans qui s’y épanouissent.

Sans tourner le dos à tout – et certainement pas aux pièces crées pour Maison Intègre au Burkina Faso, ni à l’amitié au long cours qui s’est tissée depuis 2010 avec Jerry Helling, fondateur de Bernhardt qui vient même de l’embarquer dans un projet dessiné à quatre mains avec un autre designer – Noé Duchaufour-Lawrance a choisi de sortir de sa zone de confort, de « quitter la minéralité parisienne mais aussi cette frénésie et cette façon de fonctionner avec des projets qui se succédaient et des valeurs qui n’étaient pas toujours les miennes » explique-t-il. En s’installant au Portugal, il s’est en quelque sorte invité lui-même en résidence design au sein d’un environnement naturel encore particulièrement riche. « J’ai retrouvé l’idée d’aller mettre les mains dans la terre, mais aussi dans quelque chose qui est une raison d’être. Paradoxalement, je ne suis pas du tout aujourd’hui en train de rechercher une forme qui va évoquer la nature » s’émerveille-t-il.

Au gré de ses différents chapitres, Made In Situ explore, en les passant à travers le prisme du regard du designer, une variété de territoires, géologiques artisanaux, économiques et culturels. Une démarche qui fait écho à celle des chefs dont Noé est très proche. Au « menu » de Made In Situ figurent à ce jour quatre opus : Barro Negro, la céramique noire de la région de Tondela, enfumée au sol lors du rituel de la soenga. Burnt Cork, le liège de l’Algarve, si résilient aux incendies ayant massivement ravagé le Portugal l’été de l’arrivée de Noé, revitalisé par lui en mobilier quasi monacal que la galerie new-yorkaise Demisch Danant s’est empressée d’exposer. Azulejos, ceux de Viuva Lamego – référence par excellence – sur lesquels ce passionné de kitesurf a dessiné le tracé de la côte Atlantique depuis la Bretagne de son enfance jusqu’au Portugal de sa vie actuelle. Une bien jolie manière de perpétuer la fonction story telling historique de ces carreaux si emblématiques. Tout juste dévoilé en février 2023, Bronze & Beeswax associe le bronze des hélices de bateaux de Peniche coulé en bougeoirs avec les bougies en cire d’abeille que l’on trouve à Fatima.

Au cœur de Lisbonne, Made In Situ n’en est pas moins une plateforme physique, regroupant studio et espace d’exposition ouvert au public lors de vernissages ou performances artistiques, musicales, culinaires ou olfactives. « Made In Situ est une démarche globale, une manière d’approcher les projets en sublimant l’artisanat sans le mettre sous cloche. Made in Situ s’exprime au Portugal mais peut très bien le faire ailleurs. Je travaille justement en ce moment autour d’un matériau et d’un savoir-faire dans le sud de la France » glisse le designer. Le prochain chapitre de Made In Situ s’écrira donc probablement en VF et d’autres suivront, ici ou ailleurs, puisque ce carnet de voyage à tiroirs ne peut qu’être amené à s’étendre.

 

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